Forest Abbey
Brussels
Belgium

— 2014 —

collective
body
research

Essartage

Performance, Brussels, 2014

 

Noun masculine: action to deforest a ground to put it into culture. 

Formatted bodies, adjusted clothes, movements dedicated there to the effective, appearances for the image … What can the dance in the embarrassment of things? Such is the question which drives us in a process of re-creation. The nonsense of the body in a proposal where the humor is a compost that acclimatizes himself very well to the perdition, to the estrangement of appearance. Both through their standardized way of production and as revelation of our lifestyles, objects are the scorers of our time. They are everywhere and become extensions of our body. The benches of a park, the steps of the tramway, the armchair of the house, the counter of the local café, the laptop, the elevator of the building, the kitchen sink, the automobile: so many objects which model each of our movements, each of our attitudes. The Modulor of Le Corbusier is doubtless the most accomplished expression of the public and private places', furnitures' and thus body's standardization.

By the possible of the shape, the " prosthetisation " of the object-body, the research for Essartage proposes a slippery ground. That of the intimacy-public, of the standard-eccentric... It is this transfer, upheaval of what we think we see, hallucination of the vision sometimes which comes to realize our explosion of the ambient categorism: a sliding which produces of the unstable, offers the possibility of finding the fragility of the body, the sound living in front of the will to objectify bodies. Is it nevertheless viable to remove inhibitions from bodies which are made more and more virtual in their physicality? The reduction of the effort, the connection via networks, the increase of informations and objects (which come to include bodies), turning them to become synonymic of products. Does the dance go out of depth in this atrophy of the exchange with the environment, the other one, the material of the body itself?

Essartage becomes then a principle of activation, application of the product body to find the weaknesses, these moments on returning to a tangible body: the return to consciousness to make a strength of action and not a report. We chose to call out this effective normalization of the body. Playing with objects as with "clichés" images shaping our representations, we tried bodies for the stage, for the movement, which would build themselves in breaches, cracks of the contemporary standardization. We also tried to invent a "being together" on the stage to put in culture these bodies adapted to the ordinary use of objects. On the basis of improvisations, we built a partition in which the accidents are not avoided but otherwise become the dynamics of a composition. The at first indifferent bodies from each other try to be together in the fallow lands of the standardized behavior.

— fr —

Nom masculin: Action de déboiser une terre pour la mettre en culture.

Corps formatés, vêtements ajustés, mouvements dédiés à l’efficace, apparences pour l’image… Que peut la danse dans l’embarras des choses? Telle est la question qui nous anime dans un processus de re-création. L'absurdité du corps dans une proposition où l'humour est un terreau qui s'acclimate très bien à la perdition, à l'éloignement du paraître. Tant à travers leur mode de production standardisé que comme révélateur de nos modes de vie, les objets sont les marqueurs de notre temps. Ils sont partout et deviennent des extensions de notre corps. Les bancs d’un parc, les marches du tram, le fauteuil de la maison, le comptoir du café du coin, l’ordinateur portable, l’ascenseur de l’immeuble, l’évier de la cuisine, l’automobile… autant d’objets qui modèlent chacun de nos mouvements, chacune de nos attitudes. Le Modulor de Le Corbusier est sans doute l’expression la plus aboutie de cette standardisation de l’espace public et privé, du mobilier et donc du corps. 

Par les possibles de la forme, « prothétisation » de l'objet corps, la recherche d'Essartage propose un terrain glissant. Celui de l'intime-public, de la norme-marginal... C'est ce transfert, bouleversement de ce que nous pensons voir, hallucination de la vision parfois qui vient réaliser notre éclatement du catégorisme ambiant : un glissement qui produit de l'instable, offre la possibilité de retrouver la fragilité du corps, son vivant face à la volonté d'objectiver les corps. Est-il pourtant viable de décomplexer des corps qui sont rendu de plus en plus virtuels dans leur physicalité ? L'amoindrissement de l'effort, la mise en communication par réseaux, la multiplication d'informations et d'objets qui viennent englober les corps pour les rendre synonyme de produit. La danse perd-t-elle pied dans cette atrophie de l'échange avec l'environnement, l'autre, la matière du corps elle-même ?

Essartage devient alors un principe d'activation, de mise en pratique du produit corps pour trouver les failles, ces moments de retour à un corps tangible : le retour à la conscience pour en faire une force d'action et non pas un constat.  Nous avons choisi d’interpeller cette normalisation efficace du corps. Jouant avec des objets comme avec des images «clichés» façonnant nos représentations, nous avons tenté des corps pour la scène, pour le mouvement, qui se construiraient dans les brèches, les fissures de la standardisation contemporaine. Nous avons aussi cherché à inventer un être ensemble sur le plateau pour mettre en culture ces corps adaptés à l’usage ordinaire des objets. Sur la base d’improvisations, nous avons construit une partition dans laquelle les accidents ne sont pas évités mais deviennent au contraire la dynamique d’une composition. Les corps d’abord indifférents les uns des autres cherchent à être ensemble dans les friches des comportements normés.